Or how my hometown became the center of France's wine trade
Words by Mimi Giraud Version françaises en dessous
I did not grow up in a vineyard, but wine was always at the forefront of all our big family dinners.
I spent my childhood years in a small town in the center of France, at least two hours from any famous wine regions. This village was known as Meymac, or "Meymac-près-Bordeaux" to some of the locals, which literally translates to "Meymac close to Bordeaux."
The sleepy village lies five hours south of Paris, just past the Plateau de Millevaches (translates to "Shelf of a Thousand Cows"), and counts no less than 2,279 inhabitants. One of them is my mother, Madeleine.
In the 19th century, Meymac became a hub for Bordeaux wine trade thanks to Jean Gaye-Bordas, a wine merchant who is widely considered the creator of the "negociant" system in Bordeaux.
At that time, men migrated part of the year for seasonal work. Gaye-Bordas, though illiterate, was quick-witted. He became a peddler, umbrella seller, and rag-and-bone man before selling kerosene lamps in Bordeaux. Noticing a local clerk sending wine to his brother in Lille on the French north coast, he seized the chance to sell Bordeaux wine under the label "Meymac-près-Bordeaux." He achieved immediate success when presenting himself as the winemaker. Using simple paper order forms, he would return to Corrèze, ship the wine, and collect payment on his next trip, marking the start of the Bordeaux wine trade.
My mother still lives in the village, just down the road from the Gaye-Bordas family, and surrounded by families who own some of the most prestigious vineyards in the Bordeaux region. Therefore wine, and particularly Bordeaux wine, was always important at home, and carefully selected by my mother.
My maman with a jeroboam of 1985 Chateau Giscours at 67 Pall mall in Singapore
When I did my executive MBA at INSEAD in 2018, I knew I wanted to build something around wine. Despite my family's longstanding dedication to wine, I had no experience in the wine industry, no references, and very little knowledge of the F&B sector. But when I spoke to my mother about the idea of setting up a wine business, she reminded me of all the wine merchants of our hometown, who had started from nothing. Despite their lack of knowledge and means, they managed to disrupt the wine industry and build a system that is still running today.
Jean Gaye-Bordas’s story is a testament to the ingenuity and resilience of the people of Meymac. His success inspired many other traders in the region, enriching the community and shaping the local architecture with grand houses. Even today, some families from Meymac own prestigious vineyards in the Bordeaux region, continuing this commercial tradition internationally.
Château Ducru-Beaucaillou in the Saint-Julien appellation
For instance, the Pécresse family of Combressol purchased Château-Bellevue in Pauillac in 1894, and the Borie family acquired Château-Caronne in Saint-Julien in 1900, later adding Château Ducru-Beaucaillou. Jean Moueix invested in Saint-Emilion and Pomerol, acquiring Château-Taillefer, Château Lafleur-Pétrus, and the legendary Pétrus among many others. These families not only developed the wine trade but also expanded it globally, taking advantage of Bordeaux's maritime connections to the UK and, eventually, the United States. Later, the opening of air routes allowed them to reach other continents, including Singapore where I have been living since 2013.
There have even been books written about the village for example, the fantastic comic book written by Manu Tronche which shares the family stories and anecdotes of the village in Du Rififi à Meymac-près-Bordeaux.
This tradition of wine trade is a point of pride for those of us from Meymac. It shows how a small town, far from the famous vineyards, could become a significant player in the global wine industry through ingenuity and hard work.
It also reminds me that with determination and a bit of creativity, we can achieve great things, no matter where we start.
Five years later, I was delighted to be able to bring her to a beautiful dinner organized by the Commanderie de Bordeaux in Singapore that I was the secretary for at the time. This dinner celebrated the legacy of the Bordeaux wine trade, and it was an honor to share it with someone who had witnessed firsthand the history and impact of the negociant system.
As I continue to build my wine business, I carry with me the lessons from Meymac’s history and the inspiration from those early wine merchants. They proved that success is not about where you begin, but about the vision and effort you put into your journey. And who knows, maybe one day, my own business will become a part of the long and storied legacy of Meymac-près-Bordeaux.
Enjoying a glass of wine on the main square of Meymac in front of Jean-Gaye Bordas' house.
About Mimi
After completing an Executive MBA at INSEAD & passing her WSET level 3 (wine certification for professionals) with flying colours, Mimi's strongest motivation is to develop wine appreciation through games & share the amazing potential, complexity & beauty of the world of wines.
Her gamification concept for masterclasses brings a refreshing and fun way to learn about wine tasting.
You can join Mimi on her wine adventure by following her on instagram, or by attending one of her masterclasses.
Comment un Village du Limousin a Inventé le Système des Négociants en Vin de Bordeaux!
Ou comment ma ville natale est devenue le centre du commerce du vin en France
Par Mimi Giraud
Je n'ai pas grandi dans un vignoble, mais le vin a toujours occupé une place centrale lors de nos grands dîners de famille.
J'ai passé mon enfance dans un petit village du centre de la France, à au moins deux heures de tous vignoble célèbre. Ce village s'appelait Meymac, ou "Meymac-près-Bordeaux" pour certains des habitants, ce qui se traduit littéralement par "Meymac près de Bordeaux".
Situé à cinq heures au sud de Paris, juste après le Plateau de Millevaches, ce village paisible abrite environ 2 279 habitants L'une d'entre eux est ma mère, Madeleine.
Au XIXe siècle, Meymac est devenu un centre du commerce du vin de Bordeaux grâce à Jean Gaye-Bordas, un négociant en vin largement considéré comme le créateur du système des "négociants" à Bordeaux.
À cette époque, les hommes migraient une partie de l'année pour des travaux saisonniers. Gaye-Bordas, bien que illettré, était vif d'esprit. Il est devenu colporteur, vendeur de parapluies et chiffonnier avant de vendre des lampes à pétrole à Bordeaux. Remarquant un commis local envoyant du vin à son frère à Lille sur la côte nord française, il saisit l'occasion de vendre du vin de Bordeaux sous l'étiquette "Meymac-près-Bordeaux". Il connaît un succès immédiat en se présentant comme le vigneron. Utilisant de simples bons de commande en papier, il retourne en Corrèze, expédie le vin et encaisse le paiement lors de son prochain voyage, marquant le début du commerce du vin de Bordeaux.
Ma mère vit toujours dans le village, juste en bas de la rue de la famille Gaye-Bordas, entourée de familles possédant certains des vignobles les plus prestigieux de la région de Bordeaux. Par conséquent, le vin, et particulièrement le vin de Bordeaux, a toujours été important à la maison et soigneusement sélectionné par ma mère.
Ma maman avec un jéroboam de 1985 Château Giscours à 67 Pall Mall à Singapour
Quand j'ai fait mon MBA exécutif à l'INSEAD en 2018, je savais que je voulais créer quelque chose autour du vin. Malgré la longue tradition de ma famille dans le vin, je n'avais aucune expérience dans l'industrie viticole, aucune références et très peu de connaissances du secteur de la restauration. Mais quand j'ai parlé à ma mère de l'idée de créer une entreprise de vin, elle m'a rappelé tous les négociants en vin de notre petit village, qui avaient commencé de rien. Malgré leur manque de connaissances et de moyens, ils ont réussi à bouleverser l'industrie du vin et à créer un système qui fonctionne encore aujourd'hui.
L'histoire de Jean Gaye-Bordas est un témoignage de l'ingéniosité et de la résilience des habitants de Meymac. Son succès a inspiré de nombreux autres commerçants de la région, enrichissant la communauté et façonnant l'architecture locale avec de grandes maisons. Aujourd'hui, certaines familles de Meymac possèdent des vignobles prestigieux dans la région de Bordeaux, perpétuant cette tradition commerciale à l'international.
Château Ducru-Beaucaillou dans l'appellation Saint-Julien
Par exemple, la famille Pécresse de Combressol a acheté Château-Bellevue à Pauillac en 1894, et la famille Borie a acquis Château-Caronne à Saint-Julien en 1900, ajoutant plus tard Château Ducru-Beaucaillou. Jean Moueix a investi à Saint-Emilion et Pomerol, acquérant Château-Taillefer, Château Lafleur-Pétrus et le légendaire Pétrus parmi beaucoup d'autres. Ces familles ont non seulement développé le commerce du vin, mais l'ont également étendu à l'échelle mondiale, profitant des connexions maritimes de Bordeaux avec le Royaume-Uni et, éventuellement, les États-Unis. Plus tard, l'ouverture des routes aériennes leur a permis d'atteindre d'autres continents, y compris Singapour où je vis depuis 2013.
Ce fascinant sujet a même inspiré des livres sur le village, par exemple, la bande dessinée fantastique par Manu Tronche qui partage les histoires et anecdotes familiales du village dans Du Rififi à Meymac-près-Bordeaux.
Cette tradition du commerce du vin est une source de fierté pour ceux d'entre nous qui viennent de Meymac. Elle montre comment une petite ville, loin des illustres vignobles, peut devenir un acteur majeur de l'industrie viticole mondiale grâce à l'ingéniosité et au travail acharné.
Elle me rappelle également qu'avec de la détermination et un peu de créativité, nous pouvons accomplir de grandes choses, peu importe d'où nous partons.
Cinq ans plus tard, j'ai eu le plaisir de pouvoir l'emmener à un magnifique dîner organisé par la Commanderie de Bordeaux à Singapour dont j'étais alors le secrétaire. Ce dîner célébrait l'héritage du commerce du vin de Bordeaux, et c'était un honneur de le partager avec quelqu'un qui avait été témoin de première main de l'histoire et de l'impact du système des négociants.
En continuant à construire mon entreprise de vin, je porte avec moi les leçons de l'histoire de Meymac et l'inspiration de ces premiers négociants en vin. Ils ont prouvé que le succès ne dépend pas de l'endroit où l'on commence, mais de la vision et des efforts que l'on met dans son parcours. Et qui sait, peut-être qu'un jour, mon entreprise fera partie de la longue et riche histoire de Meymac-près-Bordeaux.
Un verre de vin au restaurant du village devant la maison de Bordas.
À propos de Mimi
Après avoir terminé un MBA exécutif à l'INSEAD et réussi avec brio son niveau 3 WSET (certification en vin pour professionnels), la plus grande motivation de Mimi est de développer l'appréciation du vin à travers des jeux et de partager le potentiel incroyable, la complexité et la beauté du monde du vin.
Son concept de gamification pour les masterclasses apporte une manière rafraîchissante et amusante d'apprendre la dégustation de vin.
Vous pouvez rejoindre Mimi dans son aventure viticole en la suivant sur Instagram, ou en participant à l'un de ses masterclasses.
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